Je suis rentré à Paris depuis deux semaines et je sens déjà qu'on va vivre une année haute en couleurs : après un premier date de l'année qui s'est fini par l'audacieux “beaucoup de travail demain” pour couper court au bourbier émotionnel qui m'attendait, je suis retourné aux affaires avec le Who's Next ce weekend, la grande exposition de la mode à ne pas manquer Porte de Versailles pour tous les amoureux du textile et des frappes atomiques qui s'en occupent.
L'entrée se faisait avant 19h donc à moins le quart j'étais sur un Cityscoot à fond pour traverser le sud de Paris dans un froid glacial, les mains gantées mais sans visière les larmes aux yeux, et je suis arrivé comme une fleur à 18h59 avec le sourire des gens qui mesurent très bien l'importance de la perf' qu'ils viennent de produire même s'il suffisait en fait de partir 5 minutes avant pour s'éviter tout ça.
Enfin, l'avantage de la mode et de son milieu d'esthètes c'est que c'est un hobby de riches donc après avoir rejoint mes potes on s'est intéressés à l'open-bar full champagne qui entourait la piste et après les premières 6 coupes je me sentais déjà mieux.
Passons les détails de cette soirée où ce rythme entraînant du
POUM
TCHI-POUM
TCHI
POUM
en finit par devenir absolument infernal surtout après le DEUXIÈME remix d'In Da Club à la sauce reggaeton, il est arrivé le moment fatidique de 23 heures puisque la soirée termine à minuit vu que ces pauvres diables en Prada rempilent le dimanche donc s'ils poussent le bouchon ça deviendrait un festival de lunettes noires le lendemain et on ne verrait plus les vêtements.
La foule s'éclaircit doucement quand surgit au milieu de la piste de danse une petite brune qui vient immédiatement se coller à moi avec une audace qui laisse deviner qu'elle s'allume au champagne depuis environ 4 heures, ce qui nous fait déjà un premier point commun.
Capable d'imprimer un déhanché à renvoyer Shakira en D3 j'accroche la charmante créature à ma ceinture puis au bout de la minute nécessaire pour valider des intentions qui n'avaient pas trompé grande monde on se roule des pelles et mes potes filment derrière car ils n'ont absolument aucun respect pour moi.
Bref on a quand même le temps de discuter, je bug quand elle me donne son prénom mais pour éviter le karma éternel de lui faire répéter cette question gênante on continue – elle habite à Chambéry et elle est venue avec son patron et leur mannequin qu'il essaie de se taper malgré le fait que 1) ils ont 25 ans d'écart et que 2) elle est pas du tout d'accord mais apparemment lui ne percute ni l'un ni l'autre, et qu'ils ont un Airbnb ensemble et je crois qu'elle est désigneuse ? de quoi de qui de toute façon impossible de savoir si j'ai inventé ce détail donc les formalités plus tard.
Mais la soirée ferme ! Dans la cohue du récupérage de veste et de la perte de poteaux traditionnelle je la perds elle aussi donc comme tout célibataire endurci je la guette fort à la sortie avec d'autres potes qui observent eux aussi le flux sortant puisque tout le monde est désormais investi émotionnellement dans l'affaire.
Évidemment elle arrive un peu après et après s'être roulé des pelles de lycéens elle m'explique qu'elle peut pas trop venir chez moi ce soir et qu'elle a les clés du Airbnb dans la poche, et même si elle avait mentionné autour d'un clin d’œil qu'elle avait sa propre chambre je conçois que c'était difficile de me ramener dans le Airbnb de la boîte pour que je croise son patron le lendemain matin dans la cuisine, moi nu, tendu comme une arbalète sous une couette improvisée en cape de Superman : « Alors mon cochon on a dormi tout seul ? » suivi d'un vol de biscuit et retour au lit en roulades démoniaques, enfin bref malgré ce tableau émouvant j'ai bien senti que je pouvais pas m'incruster.
Notons que l'alternative chez moi apparaît difficile aussi puisqu'un retour au boulot le lendemain matin à 9h habillée identique à la veille avec le maquillage en moins et un fauteuil roulant ne serait pas passé inaperçu non plus.
Donc elle me glisse la promesse de demain soir et après un dernier bisou ému nous nous quittons et réalisant rapidement que je n'ai pas de prénom pour enregistrer l'appel manqué dont elle m'a muni, je note le premier sentiment qui me vient quand la lucidité me revient petit à petit et que je réalise que “demain” est un concept qui n'a absolument aucune valeur quand il est murmuré sur un parking de boîte ou en l'occurrence sous le putain de pont du périphérique de la Porte de Versailles où le seul truc royal aux environs c'est la disquettas bravas que je suis en train de prendre :

Heureusement j'ai eu le temps de rigoler en reprenant le métro avec des potes de potes qui rentraient dans la même direction et on a eu le temps de travailler le texto d'accroche et de prendre un joli portrait de chasse pour clôturer la séance :

On s'est écrit le lendemain, elle ne savait pas où trouver le temps. Devinez qui va passer les 3 prochains mois à se geler les miches sur les pistes de Chambéry ??
Pas moi ! Il fait suffisamment froid dans ce petit cœur meurtri et l'illusion romantique sera vite chassée par une autre. Le weekend prochain je vais à Londres si vous pensez que je vais me garder de dérouler du câble à la première malheureuse qui me demande si j'ai du feu détrompez-vous ! J'en ai pas et oui je viens de Paris, yeah I love it but it's so romantic you know? petit pont roulette passement de jambes frappe pleine lucarne et maxi hors-jeu sifflé par l'arbitre on commence à connaître la maison...